FIRMES
Metalor «inquiet» pour l'avenir des orpailleurs en Ouganda
Importations d'or sale - Fredy Hiltmann, responsable financier de la multinationale de raffinage basée à Neuchâtel, pique une colère contre les accusations de Human Rights Watch, relayées dernièrement par la presse suisse. Interview.

Propos recueillis par Gilles Labarthe / DATAS

«Nous ne sommes pas contents du tout de ce qui a été publié dans la presse suisse romande sur Metalor». Contacté au siège neuchâtelois de Metalor, multinationale de raffinage, le responsable financier Fredy Hiltmann se fâche contre les accusations de Human Rights Watch (HRW), récemment relayées par les médias. Elles mettent en cause la firme suisse pour des importations d'or sale en provenance de l'Ituri - province de l'est de la République démocratique du Congo, pourtant soumise à l'embargo des Nations Unies. Des informations «incorrectes et partielles», estime Fredy Hiltmann, qui passent sous silence le fait que sa société se fournissait exclusivement en Ouganda. Interview.

Quelle est aujourd'hui la réaction de Metalor à la suite des rapports du Conseil de sécurité de l'ONU et de Human Rights Watch mettant en cause votre firme?
Fredy Hiltmann: - L'affaire est très simple: on ne travaille plus avec l'Ouganda. Nous ne faisons plus rien. Il y a eu assez de bêtises dans les gros titres de la presse. Je vous renvoie à notre prise de position sur notre site (1).

Quels étaient les liens de Metalor avec la société Machanga Ltd, dénoncée par les experts de l'ONU?
Je rappelle que Machanga représente l'un des trois principaux fournisseurs officiels reconnus par le Gouvernement ougandais. O.K., la situation sur place est difficile. Nous ne sommes quand même pas responsables de ce que font les autorités en Ouganda. Tout ça, le rapport de Human Rights Watch et les articles parus dans la presse romande ne l'ont pas noté. Ils n'ont pas livré d'indications concrètes. De même, ils n'ont pas relevé l'importance du travail des quelque 20'000 orpailleurs ougandais. Leur activité a été passée sous silence. Si nous ne faisons plus rien (ndlr: maintenant que Metalor a décidé de ne plus importer d'or de l'Ouganda depuis mai 2005), qu'est-ce qui va se passer pour les Ougandais et leurs familles qui là-bas vivent de ce business?

Les statistiques de Kampala indiquent que la Suisse est le plus gros importateur d'or ougandais: entre 70 et 100 millions de dollars, selon les années. Que représentent les importations de Metalor?
Je ne peux pas vous donner de chiffres détaillés. La situation en Ouganda ne se traduit pas dans les statistiques ougandaises. Elles ne sont pas justes.

Quels sont vos rapports avec les autorités fédérales, qui ont été alertées par une coalition d'ONG sur cette affaire?
Metalor suivra toute instruction des autorités fédérales ou de l'ONU.

Votre société avait aussi promis de mener sa propre enquête pour répondre à ces allégations...
Il n'y aura pas d'enquête interne. Si vous voulez des enquêtes, vous pouvez aller vous-mêmes en Ouganda ou au Congo pour vérifier.

Quelle est votre position concernant la découverte en Suisse il y a quelques années de chargements d'or appartenant à l'entourage de Saddam Hussein, et destiné à Metalor?
La conclusion de tout ça, c'est que Metalor n'a pas reçu cet or en direct de l'Irak. Nous avons reçu une demande de restituer cet or, qui nous a été confié, mais qui n'était jamais en notre propriété. Nous suivons les instructions des autorités suisses pour la restitution. Elle est en cours de finalisation et s'effectuera dans les semaines qui suivent.

DATAS

(1) www.metalor.com/en/news.asp