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Marché militaire: ça plane pour Pilatus au Moyen-Orient
(22/11/2005) La neuvième exposition internationale d'aviation vient de s'ouvrir à Dubaï. Avec 726 exposants de 46 pays, la manifestation est le rendez-vous obligé des grands constructeurs qui souhaitent décrocher des contrats civils et militaires au Moyen-Orient. La firme suisse Pilatus y présente son nouveau PC-21. Controverse

Gilles Labarthe / DATAS

"C'est l'exposition internationale d'aviation la mieux organisée, la plus productive du monde!" L'appréciation est donnée par D.K. Wright, manager chez le constructeur américain Lockheed Martin. Elle concerne la Dubaï International Aerospace Exhibition, qui vient d'ouvrir sa neuvième édition, du 20 au 24 novembre 2005. Ici, les spécialistes du marché s'accordent à dire que "les opportunités sont incroyables". La dernière édition en 2003 avait débouché sur plus de 7 milliards de dollars de commandes. Parmi les meilleurs clients de cette grand-messe de l'aéronautique civile et militaire: l'Arabie saoudite, le Qatar, le Koweït, mais aussi des pays d'Asie, d'Afrique, du Proche ou du Moyen-Orient, en passant par la Turquie, l'Inde ou le Pakistan.

Avec ses 35 000 mètres carrés de surface d'exposition, 726 exposants de 46 pays, la manifestation est vite devenue un rendez-vous obligé. Hélicoptères, chasseurs, jets pour hommes d'affaires fortunés... toute la gamme y passe. Aux côtés des avions de combat comme le Mirage 2000, le MiG 29 SMT ou des hélicoptères Agusta Westland's EH101, Pilatus y présente son désormais classique PC-12 - très grand succès commercial de l'entreprise suisse. Autre appareil aux multiples applications: son nouveau Pilatus PC-21, avion d'entraînement militaire, à turbine. Il représente "le plus moderne au monde et promis à un brillant avenir", souligne à Berne le Département fédéral de la défense (DDPS). "Un appareil qui répondra aux attentes des forces armées modernes pour les 30 ans à venir en termes de coût et de performances", vantent aussi les organisateurs à Dubaï. Sa maniabilité et son équipement high-tech lui ouvrent de nombreux marchés sur plusieurs points chauds de la planète.

Selon la revue "Flight International" du 15 novembre, les Emirats arabes unis s'intéressent déjà de près au PC-21. Leurs forces aériennes comprennent déjà 30 Pilatus PC-7. "Nos services pourraient maintenant opter pour le Pilatus PC-21", explique dans une interview le commandant des forces armées Khalid Bin Abdullah. Fondée en 1939, la firme suisse établie à Stans (Nidwald) emploie plus de 1200 personnes et possède de nombreuses succursales à l'étranger. "Trente forces armées dans le monde entraînent déjà leurs pilotes avec des appareils Pilatus. En plus du nouveau PC-21, Pilatus continue d'offrir les très demandés PC-9M et PC-7 MkII", informe à Stans le siège de l'entreprise. En Suisse, le constructeur avait été très critiqué dans les années 1980 et 1990, en raison du "double usage" notoire de ses appareils. Aussi prévus pour être armés, ses PC-7 et PC-9 ont servi à réprimer la population dans des situations de conflit comme en Angola, en Birmanie, au Guatemala ou en Irak.

Le nouvel avion de Pilatus n'échappe pas à la règle: "Le PC-21 est équipé d'une structure placée au niveau des ailes qui permet aux utilisateurs d'installer des bombes ou des roquettes. Ce type de structures, appelées "Hard Points", ont généré nombre de controverses dans les milieux politiques", note une publication du Foreign Commercial Service des USA. Depuis, les représentants de Pilatus ont promis de faire plus attention aux destinataires réels de leurs PC-21. Avec le climat de tension qui règne au Moyen-Orient, et la nature des acheteurs présents à Dubaï, ils auront fort à faire.