ECONOMIE
Mövenpick veut rafraîchir les sables des pays du Golfe
(18/11/2006) Les constructions sont en cours pour sept nouveaux hôtels restaurants de luxe qui verront le jour à Dubaï en 2009. D'autres projets pourraient se développer à Abu Dhabi. Appartenant à hauteur d'un tiers au prince saoudien Al-Walid ibn Talal, la division Hotels & Resorts du groupe suisse Mövenpick connaît une expansion " tentaculaire et agressive " dans les pays du Golfe

Marc Trezzini / DATAS

Gérant déjà cinquante-cinq domaines hôteliers dans plus de vingt pays, la division Mövenpick "hôtels et villégiatures" espère atteindre le nombre de cent établissements à l’horizon 2010. L’expansion semble en bonne voie, notamment dans les Emirats arabes. Si le groupe suisse est actif dans la région depuis 2003, c’est en 2009 qu’il accentuera encore sa présence: pas moins de sept nouveaux hôtels-restaurants qui verront le jour, rien qu’à Dubaï. Les constructions sont en cours. Elain Nettleton, directrice de la communication du groupe à Dubaï, nous informe que de nombreuses entreprises partenaires sont à l’œuvre. "Mais les propriétaires préfèrent ne pas les mentionner en raison de la nature de l’industrie. Beaucoup prennent du retard, ce qui cause des coûts".
Il faut dire que pour édifier les nouveaux palais qui garantiront fraîcheur et volupté à ses clients dans les sables des pays du Golfe, il faut aussi beaucoup de sueur : l’ONG Human Rights Watch a dénoncé plusieurs fois le recours massif à des ouvriers temporaires originaires d’Asie du sud, victimes des fréquents abus de leurs employeurs (bas salaires, voire salaires impayés). C’est d’ailleurs sur les mises en garde de cette ONG que le Premier ministre des Emirats, sheikh Mohammed bin Rashid al-Maktoum, a décidé la semaine dernière de renforcer immédiatement les lois du travail et d’instituer des réformes, afin de protéger les 500’000 ouvriers de l’Union.
C’est dans ce climat social particulier que quatre nouveaux hôtels Mövenpick seront déjà inaugurés l’an prochain à Dubaï. L’un d’entre eux sera érigé sur la fameuse Palm Jumeirah Island (une île artificielle qui devrait comprendre 50 hôtels et 2500 villas). Un autre, " avec une petite touche japonaise ", dans le quartier de Deira, à cinq minutes du marché de l’or. Certains établissements Mövenpick sont liés au tourisme de loisirs en provenance d’Europe, comme celui sur le Palm. D’autres, aux réunions d’entreprises. C’est le cas de l’hôtel Ibn Battuta, à deux pas du quartier d’affaires de Djebel Ali, du nom du célèbre voyageur marocain du XIVe siècle, avec son portail monumental de 60 mètres qui offrira en décembre 2007 le seul hammam de Dubaï exclusivement réservé aux femmes. En 2008, Mövenpick inaugurera à Dubaï Pearl un édifice d’une hauteur vertigineuse de 280 mètres et 60 étages, selon le projet, au cœur de la cité futuriste Technoworld, lieu d’échange et de commercialisation dans les secteurs de la communication et du multimédia.
Toujours à Dubaï, la chaîne suisse cherche également une opportunité sur la Sheikh Zayed Road et la Business Bay. Le groupe se concentre aussi sur la promotion à Abu Dhabi. Trois contrats devraient être signés dans les deux prochaines années. Enfin, dans une récente interview accordée à ITP Business, Toufic Tamim, vice-président du département pour le Moyen-Orient, présente les projets futurs : " On va s’assurer que nous ayons au moins deux hôtels dans chaque ville importante du Golfe. Puis on se tournera vers l’Inde et l’Asie du sud " où Mövenpick gère déjà un hôtel du prince al-Walid à Phuket, un des lieux de villégiature les plus courus de Thaïlande.
Mövenpick compte actuellement vingt-huit hôtels dans la région du Golfe, dont dix-neuf en cours de réalisation. Interrogé sur le lien qui unit Walid’s Kingdom Hotel Investments (KHI) et Mövenpick, Toufic Tamim reconnaît que le prince a permis au groupe suisse de s’implanter sur place, tout en déclarant que la plupart des nouveaux développements appartiennent désormais à des investisseurs individuels aux Emirats et en Arabie saoudite.

Marc Trezzini / DATAS

Dubaï, le minuscule émirat en pleine croissance
En juin 2006, le bilan financier de Mövenpick Hôtels et villégiatures retenait un total de ventes de 339 millions de francs. Alain Gozzer, responsable des relations publiques du groupe suisse à Zürich, ne nous divulgue pas le chiffre d’affaires des établissements du Golfe. Notons toutefois qu’en 2005 les hôtels en loyer ont rapporté 191,8 millions de francs, soit une hausse de 7,3% par rapport à l’année précédente, tandis que les hôtels sous gérance ont rapporté 427,8 millions, soit une hausse appréciable de 19,5%. En 2005 toujours, Mövenpick Hôtels et villégiatures - appartenant à 66,7% à Mövenpick Holding et à 33,3% à Kingdom Group - a géré 13682 chambres dont 7160 au Moyen-Orient, employant 12069 personnes et accueillant 5 millions de visiteurs.
Dubaï figure parmi les plus importants centres d’affaires du monde arabe reliant le Moyen-Orient, l’Europe et l’Asie. Mövenpick a de bonnes raisons de conquérir ce marché. Droits de douane exceptionnellement bas (de 0 à 5%, selon les marchandises), absence d’impôt et de contrôle de mouvements de capitaux attirent plus d’un investisseur, explique la Chambre arabo-suisse du commerce et de l’industrie (CASCI). Un rapport économique publié en 2005 dans la revue Arab-Swiss Cooperation souligne que le secteur du tourisme est en pleine expansion à Dubaï. Ce qui affiche un "potentiel intéressant pour les entreprises de construction et les fournisseurs d’équipements hôteliers". Plus de 70 entreprises suisses sont présentes dans le pays, dont 40 dans la zone franche de Jebel Ali. Un bureau de promotion de Dubaï (DTCM) a été créé à Zürich en 2001 alors qu’un bureau de représentation de Suisse Tourisme a ouvert ses portes dans le minuscule émirat en 2002.

Marc Trezzini / DATAS